#5 Leçons sur la couture

Plaisir du tricot contre rapidité de la couture : qui gagne ?

Certaines créations sont indéniablement plus rapides à réaliser en couture qu’en tricot. Par exemple, un débardeur en tissu léger peut être cousu en un rien de temps, prêt à glisser dans une valise sans ajouter de poids ni de volume. Au départ, je pensais donc que la couture serait suffisante pour confectionner ces petites pièces. Après tout, pourquoi passer des heures à tricoter quelque chose que je pouvais assembler en quelques minutes à la machine? Mais la réalité m’a surprise.

Contre toute attente, tricoter un débardeur en été reste un pur plaisir. D’abord, parce que le tricot est ultra-portable : il suffit de glisser un projet dans un sac pour pouvoir tricoter n’importe où, même loin de sa machine à coudre. Ce qui, pour moi, est essentiel pendant cette période où je voyage souvent. Ensuite, travailler des fibres d’été est une véritable bouffée d’air frais. J’adore cette transition entre la chaleur de la laine et la légèreté des fibres végétales. Ces matières ne réchauffent pas comme la laine pourrait le faire sur nos jambes pendant qu’on tricote, et elles sont aussi moins salissantes. Elles retiennent moins le sable, la terre, ou l’humidité, ce qui les rend parfaites pour travailler en plein air et donc idéales pour les vacances.

Projet d’été 2024

Cet été, j’ai décidé de tricoter le (Venetian Tank de Sari Nordlund avec un fil que j’affectionne particulièrement : le (Pernelle de Natissea, composée à 100 % de chanvre. C’était ma première expérience avec cette matière, et j’ai été agréablement surprise par sa texture à la fois soyeuse et peu élastique. Une fois que j’ai pris le coup de main, je ne voulais plus m’arrêter. Et au moment du blocage, la magie a opéré : les mailles se sont uniformisées, et le drapé est devenu encore plus sublime. Je trouve que les patrons en jersey simples, comme celui-ci, sont parfaits pour mettre en valeur la beauté de ce fil.

Prendre le Temps d’Apprécier Chaque Maille

J’aurais certainement pu coudre plusieurs débardeurs noirs en lin ou en coton pendant le temps qu’il m’a fallu pour tricoter celui-ci. Mais j’aurais manqué le plaisir de sentir les mailles glisser entre mes doigts sous le soleil de la plage. Un débardeur en tissu serait aussi plus léger et moins volumineux à transporter, mais il n’aurait jamais ce charme particulier qu’offre un débardeur tricoté avec soin. En tout cas, pas pour une passionnée de tricot !

Au final, ce qui est le plus pratique n’est pas toujours ce qui nous comble le plus. Parfois, prendre le temps de savourer chaque étape est aussi important que le résultat final. Tricoter en été, c’est se laisser porter par le plaisir du geste, au-delà de la simple recherche de praticité. C’est une leçon que j’essaie d’appliquer, car mon esprit, souvent trop rationnel, aurait tendance à négliger ces moments précieux…